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 L'Antagonie des Sangs

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Liriel Séréliath

Liriel Séréliath


Nombre de messages : 60
Localisation : là où le vent me mène
Date d'inscription : 14/02/2007

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MessageSujet: L'Antagonie des Sangs   L'Antagonie des Sangs Icon_minitimeDim 20 Mai - 12:16

Premier volet

À la tombée du crépuscule, les derniers rayons du soleil illuminaient les lugubres rues de Sombrum, peignant la pierre de couleurs chaudes, couleurs qui n’avaient pas leur place en ces lieux et qui seraient chasées par la lune aussi rapidement qu’elles étaient venues. Aucun rayon doré ne s’immisçait cependant dans la petite chambre de Liriel : elle s’était bien gardée de fermer les lourds rideaux de velours qui séparaient son monde privé du reste de la ville. Ici, dans sa chambre, elle était libre de penser librement et de laisser ses traits refléter les sentiments qui naissaient de sa réflexion. Ici seulement, elle laissait transparaître la mélancolie et la colère que lui inspirait la déchéance de sa famille au sein de la Baronnie qu’elle avait servi fidèlement depuis des siècles : la Caste.

Depuis 105 ans, elle avait été le distant témoin d’événements qu’avait subi sa famille. Son grand-père, Kasslios Séréliath, qui avait autre fois tenu une place d’honneur entant que Hokh-Fanektis avait succombé à la lame de l’un de ses rivaux il y a déjà une cinquantaine d’années; bien que la nouvelle de perdre un être aussi influent ait été dévastatrice, l’attentat ne surprit aucun des Séréliath. Depuis des centaines d’années, la famille Aeva rivalisait avec eux à fin d’obtenir le plus d’honneurs au sein de la Caste, et tous savaient que ce coup avait été indirectement porté par eux; tous s’attendaient à ce qu’ils le fassent, mais ils les Séréliath ne s’attendaient cependant pas à ce qu’ils réussissent.

Durant ses années de gloire au sein de la caste, Kasslios avait réussi à appuyer son fils Saragoth, qui avait lui aussi gravé les échelons parmi la baronnie. Saragoth Séréliath était un fanatique comme on en voyait rarement, il s’était entièrement dévoué à la Caste et à la cause familiale, s’étant mérité les honneurs qu’on lui avait accordés. Cependant, la mort de son père présageait qu’il devrait œuvrer deux fois plus fort pour regagner l’honneur familial. Il savait aussi la position que les Aeva avaient obtenue suite à ce meurtre ne ferait qu’entraver son chemin, et que la vengeance devrait attendre. Saragoth était patient, et avait l’habitude de ces jeux, il ne retournerait pas le coup aux Avea avant d’être réellement prêt.

Ces petites guerres froides, entre les Aeva et les Séréliath étaient chose commune. Ils ne démontraient pas leur haine partagée en public, bien qu’elle soit bien présente, tout au contraire, ils collaboraient, se souriaient comme il se doit, et il n’était pas rare de les voir se côtoyer. Le fameux dicton : « garde tes ameas proches, mais tes ennemis, garde les à portée de main» n’avait pas échappé aux esprits des membres des deux familles.

La position du père de Liriel stagnait maintenant depuis des décennies, et il était clair que les Séréliath n’étaient pas près de reprendre leur place d’honneur. En addition à la mort de Kasslios, plus les années passaient, plus les membres de la famille se désintéressaient de la Caste et se divisaient pour se diriger vers l’Union. Bien que tous les membres soient restés pieux et extrêmement respectueux envers le culte de Narshoul, peu d’entre eux se décidaient à le servir directement, sans doute car ils tenaient à mener une vie plus tranquille et aspiraient à d’autres formes de pouvoir, plus faciles à obtenir. Saragoth avait fait l’erreur d’épouser une artiste, fille d’une famille réputée de bijoutiers. Bien que cette union avait eu ses avantages financiers, les avantages sociaux n’avaient pas été aussi importants que prévu. Bien que sa femme, Anyabeth, ait été parmi ses prétendantes les plus pieuses– c’était aussi pour ces raisons qu’elle avait été son élue – elle demeurait frivole et avait une conception superficielle du culte de Narshoul. C’est pour cette raison que Saragoth avait placé ses espoirs dans leurs trois enfants, Johann, l’aîné, Liriel et leur cadette, Zathya. Il avait comme dessein de les placer tous les trois au sein de la Caste de Sombrum, sans doute que l’un des trois survivrait et saurait retourner la situation, remettant les Aeva à la place qu’ils méritaient : quelque part bien en dessous des honorables Séréliath.

Hélas, les plans de Saragoth ne s’étaient pas déroulés exactement comme il le voulait. Curieusement, il y a cinq ans de cela, son fils aîné Johann avait succombé à la mortelle lèpre… enfin, peut être pas si curieusement que cela. Entant qu’enfants, Liriel et Johann avaient été des plus proches, bien plus que les enfants nargolith ne le sont habituellement. Ils tramaient tous leurs mauvais coups ensemble, et cette habitude avait survécu aux années ainsi qu’à leurs multiples disputes et réconciliations. Ils avaient aussi un goût et une curiosité inusitée pour plusieurs sujets macabres, entre autres, les maladies de toutes sortes. Leur père leur avait fait construire un laboratoire souterrain dans la maison familiale à fin qu’ils y poursuivent leurs intérêts. Il se disait qu’un jour le résultat de leurs expériences serait peut être utile, il s’imaginait déjà la famille Avea au complet frappée d’un mal mortel, les effaçant à jamais de l’histoire nargolith. Hélas, ce fut Johann qui se vit victime d’un horrible fléau, frappé mortellement par la lèpre à l’âge de 117 ans. Personne ne sut jamais pourquoi l’une des expériences des deux jeunes nargolith avait pris une tournure si dévastatrice, bien que certains membres de la famille s’en soient doutés, personne mis à part Liriel ne savait réellement s’il s’agissait d’un accident ou non. Après tout, quand on joue avec des jouets dangereux, l’on prend certains risques… À la mort de Johann, Lirel ne tenant plus cette place insignifiante entant que second enfant, se jura d’entrer dans la Caste et de démontrer à son père qu’elle valait plus que son frère et sa petite sœur jumelés. Elle détiendrait enfin la place d’honneur dans la famille, et personne ne saurait l’en empêcher, surtout pas son grand frère chéri.

Quant à Zathya, la cadette, Liriel ne la percevait pas comme une rivale, elle était plutôt son antithèse vivante. Bien qu’elles se soient toujours plus ou moins entendues, leurs intérêts se portaient vers des domaines bien différents. Zathya relevait plutôt de leur mère que de leur père, s’intéressant aux arts et aux frivolités de son âge. Son caractère était flamboyant comme le soleil l’est à son Zénith, la petite Zathya vivait insouciamment comme vit un papillon. À l’âge adulte, elle poursuivrait sans doute le même chemin qu’Anyabeth, rien n’était encore décidé car on l’avait élevée avec plus d’indulgence que ses deux aînés. Tout à son opposé, Liriel avait un caractère plus sombre, retenant ses émotions derrière un masque de pierre. Même avant la mort de Johann, elle avait toujours tout voulu faire pour éblouir son père, qu’elle admirait plus que tout. Elle s’était consacrée à l’étude du culte de Narshoul et avait poursuivi les macabres expérimentations qu’elle et son frère avaient entrepris, s’intéressant de près aux phénomènes de la vie et de la mort, ainsi qu’aux barrières et aux nuances entre ces deux états.

Liriel n’avait jamais réellement cherché à s’amuser comme le font les autres enfants, elle était loin d’être sociable bien qu’on lui ait appris les règles de conduite en société et qu’elle sache quand il fallait esquisser ses faux sourires et faire les courbettes appropriées. Avec les années, et surtout depuis la mort de Johann, Saragoth avait placé la majorité de ses espoirs dans sa fille aînée, qu’il l’avait élevée avec le plus de rigueur possible. De ses trois enfants, Liriel avait été celle qui avait accepté cette rigueur le plus facilement, du moins en apparence, et elle n’avait jamais ouvertement trahi ou déçu son père et ne s’avait pas une fois ouvert la bouche pour se plaindre du strict traitement qu’il lui accordait. Liriel lui ressemblait comme deux goûtes d’eau, elle surveillait chacune de ses actions, elle semblait y réfléchir longuement avant, et démontait une froide dévotion à Narshoul.

Ce que Saragoth ne savait pas, c’est qu’elle était plus joueuse et opportuniste qu’elle ne le laissait paraître, qu’en elle sommeillait l’amour pour l’aventure, un besoin infini de découverte. Aux yeux de sa fille, ce que son père ne savait pas, ne pouvait le blesser; elle se gardait de lui dévoiler toutes ses facettes, même son lui ne pouvait accéder à tous ses secrets. En outre, il ne savait pas que pour briser la monotonie du foyer, depuis l’âge de 50 ans, Liriel s’échappait régulièrement des murs de pierre qui l’abritaient pour aller s’aventurer sur les routes en compagnie d’un amea de voyage. Ce qu’il ne savait pas non plus, c’était que ce compagnon n’était autre que le fils aîné des Avea. Les deux se rencontraient en secret, depuis des décennies déjà, pour partir en exploration, aussi loin que possible, échappant à la surveillance de leurs familles respectives. Liriel ne s’inquiétait cependant pas de cette relation, si jamais son père venait à découvrir qu’elle côtoyait Seth’Avea, elle lui rappellerait le fameux dicton « garde tes ameas proches, mais tes ennemis, garde les à portée de main ». Liriel savait, que maintenant que tous deux avaient atteint l’âge adulte, elle devrait se méfier encore plus de Seth… leurs aspirations respectives entreraient sans doute un jour en conflit. Après tout, aucun compagnon n’était indispensable, même son cher amea Seth.

La jeune nargolith ressassait souvent ses souvenirs ainsi, secrètement, dans la froide pénombre de sa chambre. Dernièrement, Liriel devenait de plus en plus pensive; il était temps qu’elle réalise les espoirs de son père, elle devait bien repenser aux erreurs que sa famille avait autre fois commises à fin de ne pas les répéter. Elle devrait aussi guider sa petite sœur Zathya, qui faisait ses premiers pas dans la société Nargolith. Bientôt, se disait elle, la colère et la mélancolie qu’elle ressentait ne seraient plus, elle n’aurait plus à se dissimuler derrière un masque impassible, elle pourrait sourire fièrement en pensant à sa famille, et ce sourire serait réel: elle se le mériterait par la sueur de son front et par le tranchant de ses mots. Elle ne serait plus un simple témoin de l’histoire des Séréliath, ses pas la mèneraient sur la vaste scène de Sombrum, où elle devrait jouer parfaitement son rôle comme elle se l’était toujours juré.


Dernière édition par le Dim 27 Mai - 18:01, édité 1 fois
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Liriel Séréliath

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MessageSujet: Re: L'Antagonie des Sangs   L'Antagonie des Sangs Icon_minitimeDim 27 Mai - 17:58

Prélude

L’aube sanglante annonçait la fin de la Nuit, teintant de vermillon les pâles visages des centaines de cadavres délaissés sur un vaste champ de bataille. Le calme régnait maintenant que le combat s’était achevé, le chaos qui s’était abattu sur les nombreux êtres en conflit s’étant éteint avec leur dernier souffle. Seul le cri des vautours et de quelques corbeaux résonnaient à travers la plaine abandonnée, l’âpre et stagnante odeur du sang et de la chair putréfiée hantait les lieux, s’insinuant jusque dans les forêts environnantes. Si les morts qui se trouvaient là s’étaient haïs autrefois, qu’ils s’étaient livrés l’un à l’autre jusqu’à succomber aux mains de Kalos, ils se retrouvaient maintenant à jamais endormis dans les bras l’un de l’autre, Hastanes et Narsillons, Daelwaenas, Nalkiris et Gorlaks, tous ces défunts partageant le même lit. Certains semblaient même s’étreindre maintenant la bataille passée, leur haine mutuelle enfin assouvie…

Au pied d’un arbre, à seulement quelques mètres de la grande plaine, deux êtres enlacés admiraient le morbide tableau qui s’étendait au loin. Leurs sveltes silhouettes se camouflaient aisément au sein de la forêt, seuls leurs regards scintillant de curiosité, animés de mille questions aux quelles ils ne trouveraient peut être jamais de réponse. Ni l’un ni l’autre n’avait osé prononcer un seul mot depuis de longues heures, ils s’étaient simplement retrouvés, vivants, et célébraient ce fait de ce rassurant silence. Narlunë serra doucement le poignet de son compagnon, l’incitant à rompre la tranquillité, à souiller de quelques mots le chant funèbre des charognards. Il la questionna du regard, se détachant de sa contemplation du désastre qui les entouraient. Elle entrouvrit les lèvres, hésitant encore à prononcer quelconque mot, incertaine de la situation, de l’avenir de leur peuple et de leur sang désuni…

« Combien de fois avons-nous admiré cette œuvre Evryn? »

Il se contenta de sourire, Evryn était un homme de peu de mots, il préférait se consacrer à la réflexion, se laisser porter silencieusement par le flot de ses pensées. Les traits tendus du Nargolith et ce sourire incertain suffisaient à Narlunë, elle se doutait des songes qui devaient le préoccuper. Des rumeurs bien étranges étaient parvenues à leurs oreilles il y a seulement quelques Nuits, des rumeurs parlant d’une femme qui avait su rassembler grand nombre des leurs, les amadouant de sa langue de miel. Ses discours portaient à leurs oreilles de toutes nouvelles idées, celles de s’unir sous une même barrière, de bâtir une cité, de créer une Nation... l’on parlait même de paix. Plus troublant encore, ces échos venus de loin la liaient de près à la cause pour laquelle les deux Nargolith avaient combattu toute une vie, le mystère de Narshoul.

Evryn et Narlunë ne savaient pas encore quoi penser de cette étrange tournure d’événements; il était difficile et agréable à la fois d’imaginer que de tels changements s’amorçaient déjà, bien loin de ces terres saccagées par la guerre. Cependant, cela faisait des décennies que leurs familles respectives se livraient aux interminables combats contre les ennemis de Narshoul. Verser le sang en son nom aux côtés des Gorlaks et des Narsillons était devenu comme une seconde nature pour les Nargolith qui avaient erré jusqu’au front. Ils n’avaient jamais aspiré à s’éloigner des champs de bataille avant la fatidique Nuit ou ces inquiétants échos étaient parvenus à leurs oreilles; désormais l’image de cette femme et le rêve d’une Nation unie s’étaient nichés au sein de leurs pensées.

Evryn ressentit le souffle de sa compagne s’approcher de son oreille, elle prononça lentement ses paroles, sa voix teintée d’anxiété…
« Peut-être que tout ceci est devenu désuet, qu’il est temps de remettre en question tout ce que nous pensions connaître… Regarde ces morts, cette Nuit ils s’entretuaient, mais ce matin, ils s’enlacent; les choses changent.
- Narshoul nous envoie cette énigme, il aime nous contredire…
- Nous ne pouvons nous baser uniquement sur des rumeurs; je souhaiterais moi-même entendre les paroles de cette femme, voir l’étincelle de ce rêve jaillir du regard de nos semblables là bas...
- Alors, nous irons voir ce qu’il en est tous les deux.
- Et nos familles? »
Un sourire plus doux se glissa sur les lèvres d’Evryn. Le timbre assuré de sa voix retentit à peine parmi les bois « Nous les réunirons à notre retour… » Il n’eut pas besoin de finir sa phrase, d’ailleurs sa compagne ne le lui permit pas. Elle lui vola furtivement un baiser, signe de son approbation. Narlunë savait déjà ce qui découlerait de cette réunion, ils ne feraient pas que réunir leurs familles pour leur annoncer leur départ, mais aussi pour leur parler de leur union sous une même bannière. Que toutes ces rumeurs que portaient le vent soient vraies ou pas, les familles Aeva et Séréliath ne formeraient désormais qu’un.
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