Forum de Sombrum
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Forum de Sombrum

Bienvenue sur le forum de Sombrum
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-28%
Le deal à ne pas rater :
-28% Machine à café avec broyeur à grain MELITTA Purista
229.99 € 318.99 €
Voir le deal

 

 Le cantique des Ombres mourantes.

Aller en bas 
AuteurMessage
Ilish'Shaan Saddlerian.

Ilish'Shaan Saddlerian.


Nombre de messages : 141
Localisation : france
Date d'inscription : 26/01/2007

Le cantique des Ombres mourantes. Empty
MessageSujet: Le cantique des Ombres mourantes.   Le cantique des Ombres mourantes. Icon_minitimeMer 16 Juil - 12:30

Prisonnier de lui même dans le temple souterrain de la cathédrale, le révérend priait avec l'acharnement des moribonds qui implorent sur leur lit de mort un signe de leur seigneur divin. La présence affaiblie en son cœur de la noire lumière de Narshoul le rendait peu à peu fou. Le révérend avait peu à peu disparu de la circulation, on ne le croisait plus que fort rarement, lorsqu'il se saisissait en ville des vivres essentiellement vitales à sa survie. Il traversait la ville comme un fantôme, ses joues de plus en plus creuses, sa silhouette de plus en plus squelettique. Il trainait son grand bâton de bois strié de spirales de l'auberge à la cathédrale deux fois par semaines. Puis une fois par semaine... Une fois par mois... Puis plus rien. L'accès aux sous sols de la cathédrale fermé, la porte verrouillée solidement et placardée d'un message ferme invitant les visiteurs à revenir sur leurs pas. Des profondeurs de la grande bâtisse de pierre s'élevaient parfois des chants à en perdre la raison, des psaumes chantés en une langue morte oubliée de tous, l'antique langue perdue des Narsillions. On entendait de sombres voix se répondre en échos puissants, les vieilles pierres poussiéreuses vibraient sous cet appel sombre et désespéré, l'antique chant d'un peuple unis aux ombres de la création, le cantique ésotérique d'une âme solitaire unie à un Cillias disparu...

Puis les mélodies se turent, laissant la place au silence le plus noir qu'avait connu la vieille cathédrale. Le révérend se tenait genoux à terre dans la solitude de sa retraite ou nul lumière des cieux n'avait jamais pénétrée, en ce lieu maudit ou ne brillaient que deux braseros aux flammes mourantes, la danse de ces braises flottantes illuminaient timidement le visage du dernier prophète, cette silhouette courbée sur elle même aux joues scarifiées et aux mains tremblantes. Le révérend Saddlerian, à bout de souffle, sortant d'une transe mystique en laquelle il épuisait ses forces depuis plusieurs mois. Son visage n'était plus qu'un masque blanc livide déformé par la main d'une folie grandissante, un argile d'esprit écrasé par la démence la plus profonde. Le révérend avait tout sacrifié à son Cillias, jusqu'à son existence propre, jusqu'à la splendeur de son blason. Il avait même abandonné l'idée de ramener à la vie sa défunte épouse suite à ce qu'il avait considéré comme un signe divin. Le révérend avait appliqué tout les enseignements du Sombre, se détachant de toute forme d'émotion ou d'attache humaine. Le révérend ne connaissait plus que l'amour de son Cillias. Il ne considérait aucune forme d'amitié ou d'amour, le seul qu'il eut connus lui ayant été arraché par la destin pour qu'ensuite, au prix de sa propre déchéance, il abandonna tout espoir de faire renaitre la flamme de cette vie perdue. Les ténèbres se tapissaient autours du vieux Nargolith tandis que ces effroyables pensées tournaient en son esprit. Au coin de la pièce, il cru un instant voir passer le spectre de Lenoia, sa belle perdue, lui adressant un doux sourire avant de disparaître en le silence. Le révérend entendit ensuite résonner de tristes murmures à peine audibles. Se redressant doucement et cherchant la source de ces mélopées étranges, il tourna la tète en tout angles tandis que les murmures plaintifs se faisaient de plus en plus audibles. Ces plaintes semblaient celles de tout ces enfants et de tout ces innocents qu'Ilish'Shaan avait sacrifiés et torturés. Les hurlements désespérés de toutes ces âmes qu'il avait tourmenté au profit de ses expériences passées.

Les hurlements et les plaintes se renforcèrent, déchirant son âme, lui remémorant tout ces sacrifices qu'il avait fait pour ramener à la vie sa bien aimée, en ces temps lointains ou l'art de la mort n'avait aucun secret pour lui. Les âmes hurlèrent leur vengeance au cœur du révérend, l'écrasant sous le poids de sa culpabilité. Ilish'Shaan se pencha en avant, terrassé par ces griffes et poings surgissant des méandres de son passé criminel. Relevant la tète, il se mit à rire, les yeux révulsés et les mains ouvertes aux cieux.

« Du bétail pour les rêves! Vous n'étiez que de la viande disposée à nourrir mes rêves! Taisez vous enfin âmes infécondes, si vous n'étiez pas assez fort pour sauvegarder vos misérables vies, prenez vous en à votre seule et unique faiblesse! Toujours je fut un prédateur et vous mes simples proies! »

Hurlant comme un damné, le révérend prononça ces mots en frémissant d'orgueil, un nectar de puissance et de corruption coulant amèrement en ses veines noires. Le spectre de Lenoia disparu lentement. Les plaintes également commencèrent à s'atténuer, puis lentement disparurent, laissant le révérend dans le silence des voutes immuables ou glissaient d'étranges lueurs. Il ferma les yeux un instant, parlant au vide de ce temple oublié de tous:

« Seigneur Narshoul...Sire oublié de tous dont la pensée guide ma vie...Je ne puis demeurer ici bas sans un signe de vous...Je ne puis poursuivre cette quête sans entendre votre voix, sans connaître la profondeur de vos désirs. Moi qui suis un criminel ayant goutté les lèvres du néant, je désire connaître votre parole. Je n'existe que par vous et pour vous. »

Ouvrant ses yeux en deux grands orbites vides et laiteux que de rouges veines sillonnaient, le révérend serra les dents et les poings, frappant de son bâton les dalles poussiéreuses du temple avec rage et violence, il poursuivit sa prière:

« Moi qui ai sacrifié une femme aimante et un fils en votre nom,
Qui ai abandonné tout rêve de gloire et de grandeur pour vous servir,
Qui de tout mes frères et sœurs n'ai jamais douté de votre nom,
Qui ait défendu vos préceptes et votre foi face à tout les vents,
Qui ait gravé en ma chair votre nom!

J'ai poursuivis la quête de votre sagesse en tourmente et douleur,
J'ai souffert de voir vos enfants fuir le masque de votre vérité,
Je suis votre main, votre objet, votre seul et unique fils,
Là ou même la porteuse de votre sainte écriture ne semble point agir,
laissant les infidèles et les traitres se répandre comme un poison! »

Sombrant à terre, les poings tremblants de la colère de ceux qui ont tout perdu, la mâchoire serrée au point de se briser, des larmes de magma noires et brulantes commencèrent à couler le long des joues du dernier prophète du Sombre.
« Seigneur Narshoul! Ne m'abandonnez pas! Offrez moi un signe! Un mot! Un geste! Je ne vous ai jamais trahi, accordez moi votre sagesse un instant! Je ressens votre présence en mes entrailles, accordez moi la vérité sur ma quête! Que dois je faire?! Que dois je faire?! Jamais je n'ai douté de votre nom... Dites moi ce que je dois faire... Dites le moi seigneur...Que votre gloire renaisse! Pour que vos ombres illuminent à nouveau ce monde...Dites moi...Parlez moi...ouvrez moi les yeux sur votre volonté...Ne m'abandonnez pas... Seigneur Narshoul qui sur tous et toutes êtes maitre...Ne m'abandonnez pas...Seigneur...Je suis ici...Je suis votre main...prête à obéir...Ordonnez moi...Ne me laissez pas seul...Maitre...Maitre...Mon seul et unique Maitre... »

Alors que les braséros perdaient de leur puissance, les ténèbres portèrent leur voile sur le grand temple. Le révérend Ilish'Shaan Saddlerian poursuivait en un râle désespéré crépitant d'une sainte colère sa prière. A genoux devant l'autel, le cœur broyé et l'âme mourante, il attendait un signe de son Cillias à la manière d'un enfant abandonné implorant le destin de revoir un jour le visage de son seul et unique père, tel le voyageur égaré sur les chemins de l'existence priant son Dieu de lui montrer la voie à suivre afin d'accomplir sa destinée...
Revenir en haut Aller en bas
 
Le cantique des Ombres mourantes.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Sous le souffle des ombres...
» Recensement des Nargoliths des Ombres et combattants

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum de Sombrum :: Section RP :: Archives de l'Auberge du Coin-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser