Mon regard, mes expressions si ce n'est mon esprit et mes poings serrés, tout fut calme comme s'il ne se passait rien d'absolument grave.
Je ne voulais pas réaliser que la demoiselle alitée, pâle , avec une robe affreuse et un sourire perdue ,fut la Muse Helluin. Elle ne me reconnaissait pas, ni même ses propres frères jumeaux parait-il. Singulier que ce choix , peut-être même proprement dégoutant.
Et elle se frottait comme une pauvre peluche toute fripée à son petit frère de Pierre qui passait son temps à articuler des mono lignes idiots à mon intention.
Tous ces frères et cousins sans importance qui se pensaient maître de famille avait fini par m'énerver complètement. Ceux-ci semblaient avoir trouvé une raison d'exister en passant leur temps à tenter de rabaisser mon image .
Helluin avait reçu des coups de griffes, et je pensais qu'il ne soit pas impossible qu'elle ait pu être battu par l'un de ses propres frères. Dans l'objectif de me faire accuser de tous les maux ou pour la faire m'oublier et en particulier s'oublier elle même, ce qu'elle était et ce qu'elle fut.
Le cousin avait fini par me rassurer, en murmurant qu'elle retrouverait peu à peu la mémoire. Mais je demeurai sceptique et furieux.
Qui oserait faire du mal à une tisseuse de rêve ? Nécessairement une personne idiote, grossière, vulgaire, laide, puante, infecte. Un rat ou un cloporte, et tous insectes et créatures nuisibles au possible mais certainement pas quelqu'un qui pourrait véritablement s'affirmer Nargolith.
L'attaque n'aurait pu être physique, elle aurait été autre, mystique et se serait servi du Cauchemar contre une personne vivant dans le Rêve.
Pourtant et contre toutes attentes, l'agression semblait avoir effacé tout esprit de la Muse et l'avait rendu à l'état de poupée inanimée. Il resta néanmoins auprès d'elle pour la veiller seul un instant, afin d'essayer de retrouver quelques fragments de leur rêve, car il ne se pouvait pas que celui-ci ait totalement disparu.
Il lui frôlait la main doucement lorsqu'elle fut assoupi.Il murmurait auprès d'elle la pièce de théâtre qu'il eut écrit, inspiré par l'image de la jeune femme. De sa voix mélodieuse, il racontait leurs échanges, leurs promenades parmi les fleurs d'onirismes et les roses métamorphes . Mais également la prise d'un oiseau invisible, les petits airs de lyre qu'elle jouait et les contes qu'il lui dictait en tournant autour d'elle tandis qu'elle souriait.
"L'abandon ne viendra pas du Prince, mais ne finit pas comme elle, tu ne dois pas être la martyr de la fiction que j'ai écrit... Una, je les en empêcherai, mais tu dois lutter, toi aussi".
Il glissa une copie de la pièce à coté d'elle, ainsi qu'un petit dessin et un de ses bonbons à l'anis.
Le Jardin aurait probablement quelques fleurs fanées, mais il ne serait pas en ruines.
Et dans sa Faiblesse elle demeurait unique les lèvres fermées, le regard d'effroi et l'innocente robe blanche. A la manière d'une victime du fieffé, comme absorbé par une Sombre énergie qui rongeait son corps et son esprit mais pas son aura. L'aura qui étonnait, qui attirait les autres vers vous ou les repoussait.
Comme celle que j'eus et j'ai, m'attirant tous ces yeux jaloux si plaisants ou ces regards colériques, haineux, tristes ou terriblement passionnés et amoureux.