Je veux être flamme de nouveau.
Que le feu m'enveloppe une nouvelle fois et que ma chair fonde sous ses caresses. Que mes cheveux s'enflamment comme s'ils étaient fait de paille, mes yeux se liquéfient sous la chaleur et mes mains deviennent de fragiles statues de braise prêtes à s'éparpiller aux quatre vents.
Chacun des rêves qu'Il m'apporte rappelle à mon souvenir d'où je viens et comment je finirai : de la cendre à la cendre, de la poussière à la poussière, Manen. Manen a toi d'apporter à mon sommeil le parfum de la promesse que tu m'as faites. Il m'aide à tenir dans ce monde d'illusions, dans cette grotte où le dos tourné à la flamme nous devons nous contenter des ombres projetées sur ce mur et ne nous nourrir que de l'écho des sons lointains. Comme ceux que tu as visité, j'aspire à nous libérer de nos chaines mais combien cette épreuve est dure et tentante l'envie de se contenter de l'ignorance qu'Elle nous a offerte comme existence.
Ici les ombres sont molles et le faible rayonnement de la vérité ne porte pas très loin. L'on distingue parfois des visages et l'on croit entendre des voix mais il n'y a rien. Elles errent toutes muettes et sans but, et les vagues qu'elles forment dans leur sillage n'emportent rien. Me croiras-tu si je te dis que les moins floues d'entre elles se distinguent a peine des murs de notre prison? Qu'elles n'ont pour seule ambition que de danser d'un mouvement las et de bomber le torse parfois? Et même lorsqu'elles prennent la grosse voix c'est a peine si on les comprend.
Les flots du temps ne sont que des petits ruisseaux paresseux. Ils ne viennent d'aucun passé et ne veulent aucun avenir. Le présent a peine les porte et chaque goutte d'eau emploie toutes ses forces pour aller à contre-courant. Pour aller nul part. Pour nous noyer tous. Nous nous enfonçons dans les abysses et aucune étincelle ne parvient jusqu'ici.
Je veux être flamme de nouveau.