Sous cette voûte de feuillages je m'avance, me mêlant à cette brume bleuté dont les fins cristaux de glace recouvrent ce doux ruisseau dans lequel trempent mes pieds nus. L'apaisante obscurité de ce lieu humide accueille volontiers les timides et pales rayons du monde vivant au dessus d'elle. Ils teintent ma peau de toutes les nuances de vert, dansant sur mon corps à chaque pas que je fais. Les racines des murs végétales de cette cathédrale s'ouvrent à mon passage et me montre la voie.
Elles me mènent en son cœur là où tous les ruisseaux se joignent en cascades de vitraux naturels d'une eau si pure qu'ils deviennent les miroirs de mon âme et chacun de leurs reflets me murmurent ce que je pourrais être. Patients et sereins, ils se déversent dans ce bassin où je me trouve et m'invitent à passer leurs rideaux liquides derrière lesquels m'attend une partie de moi.
Le voile de gouttelettes piquantes mordille tendrement ma peau alors que je le traverse. La brume n'est plus là. M'accompagne désormais dans mon voyage la roche luisante et organique d'un long corridor sans fin. Je m'y sens bien. La vie transpire de la pierre et son souffle rafraichissant me pousse plus loin vers la lumière. Les ombres forment des silhouettes autour de moi, souvenirs de compagnons d'autrefois.
Nous marchons ensemble de nouveau vers notre destin.