Affrontement en cuisine

Nombre de messages : 549 Age : 49 Date d'inscription : 23/02/2007

Nellya fixait son ennemi avec une rage peu commune. Sa dague à la main, elle le défiait du regard, la colère la faisait presque trembler. Et lui, ne bougeait pas d'un pli. Il restait là, stoïque, la narguant sans le dire, sans frémir.

Elle avança la main vers lui puis la recula vivement. Ses doigts tremblaient.

- La peste...

Son murmure était plus un dégoût, une supplique, qu'une véritable injure. Allait-elle l'attaquer ? Le pourfendre d'un coup de dague en pleine chair ? Le mordrait-elle vivement, d'un coup de dents acérées, en dernier recourt, acculée contre le mur, comme elle l'était, incapable de lui échapper ?

Son estomac se tordait de dégoût. Elle aurait voulu le dompter, le calmer mais avouons-le, elle échoua.
D'un coup de rein, elle se dégagea du coin où elle s'était coincée et fuit l'endroit, abandonnant son ennemi et sa dague, mourante, sur la table.

Une fois de plus, Nellya avait fuit. Et rayonnant de fierté, sur la table, trônait encore la miche de pain, vainqueur par dégoût.

Depuis son enfance, Nellya avait un conflit avec la nourriture. Se nourrir était une obligation, pas un plaisir. Et parfois, les sirènes de l'anorexie la tentait avec violence et elle leur cédait avec soulagement. Ne plus s'obliger à avaler ce pain, ce fromage, cette viande immondes...
Il fallait à chaque fois un élément déclencheur. Quelques mois auparavant elle avait renoncé définitivement à la viande après avoir vu une femme manger un morceau de cadavre humain. Deux longues semaines avaient été nécessaire à ses amis pour la persuader de manger, même autre chose que de la viande.

Cette fois, c'était un bras en putréfaction, pinceau d'une petite fille vampire qui servit de déclencheur. Plus tard dans la journée, la nourriture distribuée aux corbeaux avant une cérémonie, sous forme de morceau de cadavres humains, une fois de plus, acheva de convaincre l'Hastane de son profond dégoût pour la nourriture.

Non, elle ne se nourrirait plus. Quitte à mentir à tous ceux qui s'occupait de savoir : as-tu bien mangé aujourd'hui ? Penses-tu à te nourrir ? Qu'as-tu mangé ?

RIEN !!! je n'ai rien mangé et tant mieux !!!

Son estomac se contracta violemment et fit tomber Nellya à genoux pour lui faire rendre le lait qu'elle avait absorbé un peu plus tôt dans un douloureux haut le coeur.
Manger pour vomir... où donc était l'intérêt ?

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