Arckes Liez
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| Sujet: Una(th), (à) jamais Lun 14 Déc - 22:46 | |
| Una(th), (à) jamais par Arckes Liez - Citation :
Niel courait à en perdre haleine. Un pan de son kimono couleur du lilas flottait derrière elle.
Au loin, Stryal observait la pétale mauve dévaler la colline, reconnaissant à son rythme un rigoureux entraînement, plutôt que la folie de la poursuite ou de l'évasion. Il l'attendait depuis déjà une heure. Un sourire se forma enfin sur son visage.
Niel parcourut le reste de la distance avec la main droite sur le pommeau de son épée. Le fourreau bougeait à peine, une ligne droite qui coupait la longue diagonale du corps de Niel.
Elle ne prit que quelques secondes pour reprendre son souffle avant d'annoncer à l'homme : « Il est mort! » Stryal n'afficha aucune expression à cette nouvelle, mais lui demanda de quelle couleur était son sang. Violet, répondit-elle. Ses muscles relaxèrent et il se permit un sourire qu'elle lui retourna en serrant de sa main libre le foulard qu'il lui avait offert quatre mois auparavant.
En réponse, il frotta d'un pouce son anneau et lui dit qu'il était temps pour sa récompense. Elle affirma en toute honnêteté que ce n'était pas nécessaire. « J'insiste. Pour vous, je ne saurais faire autrement. »
Son ton soyeux restait inchangé, aussi commença-t-il à lui réciter le poème qu'il chérissait le plus, celui qu'il avait écrit pour de telles circonstances. Niel entendit alors l'Entropie numéro quatre, qui n'a jamais été prononcée depuis. Stryal s'était longtemps félicité une fois son écriture terminée, adorant l'immense complexité cachée sous l'étonnante simplicité de ses mots et de sa forme. L'hymne était mortelle pour quiconque l'entendrait, comme le découvrit Niel lorsque l'homme qui lui avait offert le foulard retira une dague de son sac.
Son geste était lent, la lame brillante. Lorsqu'il prononça les derniers mots, il enfonça celle-ci dans l'abdomen de Niel qui sentit aussitôt se propager le poison.
Stryal plaça son autre main dans son dos pour la soutenir dans sa chute, qui n'en fut pas une. Elle lui demanda s'il l'avait aimée. « Una, jamais », répondit-il. À moitié couchée au sol, elle glissa sa propre main le long de son bras, jusqu'à toucher l'anneau. Il repensa, à cet instant, aux mots inscrits à l'intérieur de l'anneau, qu'elle avait dit avoir obtenu d'un membre ancien de sa famille : « Unath, à jamais. » Il se dit avec extase que cette scène était prévue depuis longtemps, qu'elle figurait dans les plans du Sombre. La Nargolith, qui appartenait elle-même au Clergé, poussa son dernier soupir.
Les jours qui suivirent furent emplis de bonheur pour Stryal, qui, avec la mort du Baron, savait qu'il obtiendrait bientôt un rang élevé au sein de la baronnie. De temps à autre, il ressentait des douleurs inexplicables dans diverses parties de son corps, mais n'en dit mot à personne.
À son insu, le Nargolith était sous observation depuis longtemps et il reçut une lettre le conviant à une assemblée publique au cours de laquelle il serait nommé Baron. Il fit préparer de nouveaux habits, à peine surpris par cette nouvelle, mais jubilant tout de même, malgré les maux qui empiraient.
Au cours de l'assemblée, lorsqu'il dut s'agenouiller, il se rendit compte que le poids de l'anneau avait au moins triplé et comprit que celui-ci était responsable pour ces douleurs qui l'affligeaient. Il l'enleva et tous le virent s'effondrer. Un homme se leva et s'approcha pour l'examiner.
« Il est mort », annonça-t-il à la salle.
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