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 Éláya Nuhuinenna

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Éláya Nuhuinenna

Éláya Nuhuinenna


Nombre de messages : 101
Date d'inscription : 12/10/2006

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MessageSujet: Éláya Nuhuinenna   Éláya Nuhuinenna Icon_minitimeVen 13 Oct - 2:27

10e jour de Thermidor.

Un homme se tenait fièrement devant le carré de la fenêtre, son regard gonflé d’amertume s’échappait à l’horizon. Un doux zéphyr courbait les abrisseaux et caressait la ceinture de la plaine liquide. Il allait légèrement mourir au pied des monts des Morts, s’affaissant ainsi contre les falaises naturelles. L’astre du jour atteignait son zénith et qui, comme un pontife, exhibait dans la grâce la lumière de son royaume. Les vapeurs lumineuses, aux couleurs du miel, dansaient sous le chant du soleil. Ce théâtre aux mille et une couleurs façonnait un scénario hors pair, donnant à la flore le rôle principal. Engourdit par la beauté de la nature, étourdit du spectacle, l’œil de l’homme embrassait noblement la monarchie céleste. Profitant de l’absence d’écharpe nuageuse, l’éther peinturait d’un bleu perçant le plafond du monde connu. Une étincelle, de la grosseur d’une escarbille, volait arrogamment la vedette. Absolument invisible à cause des rayons lumineux, elle tissait à elle seule une toile d’illusion, de rêve.

Une femme, élégamment allongé dans un lit à baldaquin, acceptait sans hésitation les compresses humides prévues à son actif.

La matrone, une femme qui malgré son âge avancé, savourait la beauté d’une fleur jeunement éclose. Elle apportait son savoir et sa sagesse dans l’art de l’accouchement et de la relaxation, à qui voudrait bien verser la somme qu’elle demandait. Cher payé diront certains, mais elle faisait office de la meilleure sage-femme de Sombrum. Sa réputation tenait grandement à sa méthode. Elle faisait déborder d’un bain de cède, construit ergonomiquement, d’eau chaude parfumée avec des herbes reposantes. La pièce se chargeait rapidement de lourdes vapeurs odorantes. Les corps se voyaient attendrit par la pesante humidité, les voies respirations libérées de par l’arome des plantes. Éclairée aux chandelles, l’atmosphère était des plus délassantes.

Perché au bâti dormant, le géniteur contemplait la brunante qui, peu à peu, encrait la journée qui mourrait. Il suivait du regard, l’éclat du jour qui s’effaçait derrière les montages de l’Ouest. Ce tableau brossait les hauteurs glaciales, d’un orangé tiré de l’art baroque. L’ascension de la reine nocturne, embrasait la fine esquisse de la fille de la nuit. Une figure, voir un symbole, s’affichait clairement entre le soleil en déclin et la lune en essor. Apostant un sourire sincère, l’homme fredonnait un air mystérieux et saccadé. Une mélodie lyrique s’emparait de la chambre, un enfant naissait dans les vagues de l’art.
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Éláya Nuhuinenna

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MessageSujet: Re: Éláya Nuhuinenna   Éláya Nuhuinenna Icon_minitimeVen 2 Fév - 21:27

L’apprentissage se déroula en de banales séances à en devenir presque irritantes. Éláya évoluait bien normalement selon les attentes de plusieurs membres de la famille. D’une part se distinguaient le dialogue diplomatique et de l’autre, l’excentricité artistique. Dans une vague de regret, lourde à en devenir palpable, ils regardèrent tous grandir la fillette, désappointés qu’elle ne porte aucune attention aux arts. Une énergie, errante à l’air ambiant, captait tout son intérêt. Secrètement, elle s’adonnait à des exercices, visant à détendre le corps dans le simple but de ressentir des vibrations, d’une force qui intensifiait sa force vitale. Alors qu’elle achevait sa quinzième année, elle fut poignardée, de dos, une situation incontrôlable, elle est tombée amoureuse. Elle arrachait un murmure d’admiration à chaque sourire, s’enivrait de chaque soupir qu’il aurait pu faire.


Emmurée d’effroi, encagée par l’émoi, persécutée par la flamme qui à jamais va devoir brûler sous l’ombre des regards. L’homme de sa vie, l’énergie de son cœur, l’origine de ses pleures qui s’assèchent sur les joues. Naître celle qu’elle n’aurait pas du être, l’âme sœur de son géniteur. Profondément humiliée de sa faiblesse, Éláya sombra inéluctablement dans une douce et cruelle lutte, la solitude. Au grand plaisir familiale, elle se mit à la rédaction de poème, de prose, ce qui changea colossalement ses expressions verbales. Troublée, la raison en guère contre le cœur, les séances de transe se firent moins fréquentes, jusqu’à ce qu’elles ne deviennent que des souvenirs. Elle n’avait plus le courage, folle de rage, d’affronter sa conscience à contresens. Elle s’accrochait aux rêves, aux illusions qu’imaginait son cœur, au travers l’épaisse écharpe de brume qui l’isolait de la réalité. Elle atteignit l’âge de vingt-cinq ans dans un silence des plus capricieux. Son amour fit naître une seconde déficience, beaucoup plus maline et malhonnête, la haine. Cette nouvelle énergie, prenant exponentiellement de la force, vint s’acharné contre sa mère à chaque réprimande qu’elle adressait à son homme. Comme il était habituel, Éláya payait de ses disgrâces, à achever les tâches ménagères.


Extrait de son journal.

Un souper d’anniversaire, bien ordinaire, trente années de calvaire, une chaude goulée de thé vert, à la table avec des adversaires. Conversations pointus, un élitisme aigu, j’étouffe un soupir, existe-t-il pire ? Une cuillerée de soupe, renversée par le couple, portant bien haute leur coupe. La déclaration morte, l’enfer frappe à la porte. Un fin sourire moqueur, l’appétit coupé, je leur donne mon cœur, je me jure de le tuer. À peine avais-je la force de m’y rendre, à ma chambre, tout est si froid. Un vent glacial, provenant de la fenêtre, vient me mordre la peau. Un pincement à la poitrine me plisse la figure, moment d’instabilité, de fragilité, de vulnérabilité, je fonds en larme. De chaudes pleures dévalent de mes joues pour y mourir au menton. Ma mère porte en elle le fruit de l’Amour, le même qui me moleste inlassablement depuis trop longtemps, je me laisse choir sur mon plumard. Les yeux clos, appartement en huit-clôt, je m’écrase l’oreiller contre le buste, je tremblote. Je me sens si fragile, si frêle, une colombe blessée, un ange déchu. À bout de force, je respire difficilement, tout devient sourd, tout semble si lourd tout devient sombre et tout semble si fondre.

Ce n’est que quelques jours plus tard qu’Éláya apprit que, dangereusement malade, elle avait frôlé la mort.
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