Son Histoire
À l’époque…
L'enfant sanglotait, le père blasphémait et la mère s’éteignait. Qu'avait-il donc fait pour être géniteur d'une gamine si fortement bâtie que la mère en était morte? Elle était bien vigoureuse et forte, mais pour lui, elle demeurait le résultat d’une beuverie qui a fini en fonds de bouteilles.
Le bébé s'époumonait, désirant le sein maternel. L'homme regardait le poupon faire, craignant être en plus le père d'une enfant obèse. Il la bâillonna et l'abandonna sous un porche bien propre d'une famille aisée de Sombrum.
-Je reviendrai te chercher quand tu gueuleras moins, tu seras ma bonne, mon esclave!
L'enfant grandit alors sous le nom de Thalyannia Medrish et reconnue comme tel jusqu'à l'âge de cinq ans, où l'on retrouva la riche demeure vide de vie. Les propriétaires avaient été saignés comme des porcs et la jeune fille était portée disparue...
- Comment t'appelles-tu ?
- Thalyannia
L'homme la gifla et la fillette se mit à pleurer. Il la gifla de nouveau.
- ARRÊTE DE PLEURER, GAMINE, ET RÉPONDS MOI !
Il marqua une pause et se calma, l'enfant s'était tut.
- Comment t'appelles-tu et qui es-tu ?
L'enfant épongea ses petits yeux humides de larmes et finit par répondre d’une faible voix.
- Je me nomme Evaelya, et je suis votre servante.
Et c'est ce qu’elle fut, la servante de son propre père, à l’âge de trois ans. Les mois passaient et la fillette qu'elle était servait de bonne, de messagère et de servante, munie d'une simple dague pour se défendre contre les chiens errants et les pédophiles sans coeur. Elle portait les messages sans rien demander et retournait auprès de son Maître cynique et immoral, endurant le calvaire d’être venu au monde.
À 7 ans, forte de corps et endurcie d'esprit, la fillette finit par grimper un peu dans l'estime de son père qui tenait secrète sa paternité. C'était une nuit pluvieuse, elle avait un message important à livrer dans les plus brefs délais. Sur le chemin du retour, elle passe devant l’Auberge crasseuse, miteuse de suie collante, sombre, sordide ou il fait malgré tout bon de s'affaler en pleine tempête, un homme l'interpella.
- Hey petite, si tu me suis dans la ruelle, je te donne une jolie pièce d'or...
Intriguée, l'enfant le suivit, sans rien dire. Il la guida dans une impasse. Lorsque ses yeux rencontrèrent le mur de pierres froides et humides qui se dressait devant elle. La fillette fit demi-tour pour faire face à l'homme qui venait de baisser son pantalon, un sourire carnassier aux lèvres. Alors qu'il avançait vers elle, aurait désiré qu'elle soit femme. La petite fille ne laissait voir aucune émotion sur son visage tandis que l'homme se penchait vers elle. Au moment où il entreprit de soulever sa petite robe, elle lui planta sa dague dans la gorge, écorchant sur son passage le pharynx tout en piquant de sa pointe émoussée l’eusophage encore imbibé d’alcool. Son Maître regardais la scène, d'un oeil intéressé, orné d’un sourire sinistre. En poussant un petit cri enfantin d'effort, la fillette retira la dague de la gorge de l'homme et le poussa à la renverse, tandis qu'il râlait une dernière fois en agonisant, le sang épais coulant de sa gorge vers une marre au sol. Elle s'avisa vite de lui prendre sa bourse et détala le plus vite qu'elle le put. Son Maître la prit par surprise et l'envoya au sol en la bousculant bien fermement. L'enfant recracha la vase qui s'était logée dans sa bouche et regarda son sang qui se mêlait à celui de l'homme dans la marre.
- Tu n'as pas terminé... efface tes preuves !
Evaelya se releva, les genoux ainsi que les coudes ensanglantés et s'approcha de l'homme. De toutes ses forces elle le poussa dans les ordures et le couvra de boue et de tout ce qui lui passait sous la main. Elle retourna voir son père. Il la gifla.
- Tu peux faire mieux !
Alors la petite fille se jeta au sol près de l'homme et commença à gratter dans la boue avec ses petits ongles. Ses doigts commençaient déjà à saigner ; coupés sur des roches cachées sous la vase. Elle creusa un bon moment, la pluie avait cessé. Elle creusa encore, couverte de boue et de sang gélifié. Lorsque le trou fut assez profond, elle poussa le corps dans celui-ci et jeta la terre humide sur le corps, en le camouflant bien. Elle retourna de nouveau auprès de son Maître et le regarda, s'attendant à recevoir une nouvelle gifle. Il la regarda longuement du haut de ses deux mètres et la saisit sèchement par la gorge et la souleva de terre. Alors que son visage s'empourprait, il se mit à parler.
- Finalement, tu pourrais m'être utile malgré que tu devras un jour être la boniche de ton époux.
Il lâcha son emprise et elle retomba dans la marre en crachotant et en toussant. À l'âge de quinze ans, il décida finalement de lui raconter son histoire avec les Medrish et comment elle avait été abandonnée, c'est de cette façon qu'elle apprit enfin que son Maître était son père. À chaque leçon, il lui en apprenait un peu plus sur son histoire, sa dernière leçon fut celle dont elle se souvient toujours.
Son père venait de la blesser au bras, elle souffrait mais ne le laissait pas paraître, au risque de se prendre une gifle.
- Relève toi, nous n'en avons plus pour très longtemps.
Il semblait tendu et impatient. Elle se releva sans se faire prier et vit au loin des hommes armés se dirigeant vers eux. Elle porta sa main à la garde de sa dague par réflexe et son père la gifla.
-Jamais ! Ne t'attaque JAMAIS aux Kheijans !
Elle venait d'apprendre qui étaient ces hommes à l'aspect terrifiant et menaçant. Ils s'approchaient toujours, elle baissa les bras et les observa un long moment alors qu'ils discutaient avec son père. Son Maître revint alors vers elle.
- Evaelya, je pars.
Elle approuva de la tête.
- Non Evaelya, je pars, je ne reviendrai peut-être jamais.
Elle se mit à sangloter, sous le choc. Il la gifla de toutes ses forces.
- NE PLEURE PLUS JAMAIS ! Les larmes c'est pour les faibles.
Et elle regarda son père s'éloigner en bateau, alors que du sang coulait doucement de son nez. Un cadenas fut vite placé sur la porte de leur demeure, les rumeurs courraient que son père et sa femme étaient morts, et Evaelya... elle n'était simplement que la servante. Bien sûr, la jeune fille n'ignorait pas la vérité, mais il aurait fallut la torturer à mort et elle n'aurait encore rien dit. Elle passa alors des années à vivre dans les ruelles, se nourrissant de tout ce qui lui passait sous la main et se défendant grâce aux méthodes que son père lui avait inculquées. Lorsqu'elle eut enfin atteint l'âge de la raison, elle croisa le regard de son père à Sombrum, mais il n'était plus le même. Il avait changé de nom, et son apparence était bien différente. Son coeur était encore plus noir qu'avant son départ. Il lui dit tout de même ceci.
- Ma fille, le premier de nous deux qui remarque que l'autre est faible, devra l'abattre sans attendre, ce sera ton épreuve. Désormais... tu m'appelleras Baenre Myrsha.
Evaelya prit alors le chemin vers le Nord, dans l'espoir d'acquérir de nouvelles méthodes de combat. Elle tomba sur une petite ville, d’un calme épeurant. Elle grandit avec les brigands, les hors-la-loi, bref touts criminels confondus. C’est dans cette mentalité qu’elle évolua et où elle y rencontra la perfection ; plus fort qu’un démon, plus rusé qu’un renard, le seigneur noir, Narshoul.
De nos jours…
100 ans passèrent, comme une belle journée ensoleillée. La saison verte, la voûte étoilée masquée par les ténèbres de la nuit, les fins reflets de l’astre froid partiellement voilés par une écharpe de nuages cireux. Les caresses du doux zéphyr fait chanceler ma frange au dessus de mon nez camus, performant ainsi une prestation sans rythme à mes yeux.
Un moment de silence. Je baisse les yeux et darde un regard courroucé à l’homme, faible, agenouillé, demandant sa rédemption. Ravagé par le passé, l’âme ivre de cruauté, je pris d’une voix incertaine :
-La sagesse… toujours elle… comment savoir la différence entre provoquer ce que l’on craint, et louvoyer entre les contraintes pour terroriser ces craintes ?
Il répondit pâteusement :
-Juste quelques pleurs…. sans heurts….. sur cette fleur fanante.
Je l’interrompit tout en dégainant ma dague, et pris d’un ton puissant mais tremblant:
-À la fin… la toute fin, je tâcherais juste de m’abstenir …. Pour une fois, pour une seule fois….. Trancher dans le vif et de tailler les tripes.
Je levai les yeux promptement, et je lui dis impérieusement :
- J’irais juste la où tu n’as jamais risqué le fer.
J’empoigna mon chourin, et dis très mollement :
- Au fond de moi.
Je fendis l'air et le corps de ma lame abîmée, d'une main agile, une ligne du sang de cet homme sur son visage. Je le regardai, agonisant sur le sol. Je pris un instant de silence. J’inspira une grande goulée d’air, gonflé une seconde fois mes poumons de la suave odeur des douceurs retrouvées, retenu mon souffle pour préserver le cristal des secondes volées. Je lui enfonçai mon couteau au cœur; on pouvait voir un sourire satisfait sur mes lèvres effilées.
- Voilà père... tu m'as bien montré à abreuver ma lame...
Et c'est ainsi, une ligne de sang au visage, ma lame dégoulinant d'hémoglobine fraîche et mon cheval suivant derrière, que j’entra à Sombrum, cherchant le respect et le prestige de toutes les façons qui pourront m'être utile.
P.S. Ce forum est HRP, j'ose donc demander les commentaires des lecteurs. Cette histoire pourrait être soumise à des changements avant l'inscription. Merci de m'avoir lu.