Les cadavres pourrissant de quelques héros éphémères laissaient flotter de nauséabondes odeurs autour de l'ocre cité. Il y eut des Gorlaks à l'armure reluisant de sang, des mortanyss aux os maculés de pourpre et de boue. Les sapeurs avaient eu tout à faire, et il avait fallu organiser une troupe qui ne savait pas marcher au pas, et qui du construire en toutes hâtes des armes et protections de guerre dont elle ignorait tout.
Pourtant, dans les décombres de boue, dans ces esprits qui n'étaient en rien militaire, la sape finit par aboutir, des visages méconnaissables sortirent du tunnel, emplis de sueur, d'humidité et de fatigue et leurs torches permirent l'effondrement des murailles, tout cela sous les insultes des gorlaks.
Les flèches fusaient ainsi que les boules de feu, les parapets faisant office d'une protection de fortune, des visages se crispaient. La brèche ne fut pourtant que vaine, de même que le combat acharné des kardars, mortanyss et gorlak au sud, l'ensemble de l'édifice était en proie à une forme de magie immobilisant ses défenseurs, les enchainant à l'endroit mais les rendant invulnérable par un fait temporel singulier. La cité vomissait parfois ses atrocités, qui tombaient en miettes face aux défenses des coalisés, mais il fallait pourtant se rendre à l'évidence que l'édifice n'était pas prenable par des moyens conventionnels. Tour de siège ou échelle, cela ne suffirait certainement pas dans l'esprit de Maeth, mais la République demeurerait en sécurité tant que les forts de défenses tiendraient bon. L'humiliation de n'avoir pu mettre à sac la cité fut pourtant présente, malgré tous les mots magnanimes qu'on lui fit, et il marqua la défaite sur son corps, allongeant les scarifications de ses avants bras.
Par la suite, Maeth décida d'aller quelque peu étudier les ouvrages de poliorcétique de la bibliothèque de Sombrum et de Citria, copiant les plans et les diverses stratégies sur son carnet de notes. Mais il lui semblait que le dieu Chronos avait un rôle dans l'espace temporel de cette cité et qu'en soit celle-ci était conservée pour une raison particulière, certainement en faveur de la balance. En soit, seul le temps pourrait répondre à ces événements et effacer la menace de cette cité en face des côtes Nargoliths. Mais l'idée que Chronos puisse ainsi enchainer leurs actes le rebutait au plus haut point, ce dieu égoïste n'interviendrait certainement pas si Sombrum fut assiégé, pensa t'il, en son esprit Nargolith.